SYNODE DES ÉVÊQUES ________________________________________________________
XIVème ASSEMBLÉE GÉNÉRALE EXTRAORDINAIRE
La vocation et la mission de la famille
dans l’Église et dans le monde contemporain
Lineamenta
Cité du Vatican
2014 SOMMAIRE
Avant-Propos
Relatio Synodi de la IIIèmeAssemblée Générale Extraordinaire
Introduction
Ière Partie
L’écoute : le contexte et les défis concernant la famille
Le contexte socioculturel
L’importance de la vie
affective
Le défi pour la
pastorale
IIème Partie
Le regard sur le Christ : l’Évangile de la famille
Le regard sur Jésus et la pédagogie divine dans l’histoire du salut
La famille dans le dessein salvifique de
Dieu
La famille dans les documents de
l’Église
L’indissolubilité du mariage et la joie de vivre
ensemble
Vérité et beauté de la famille et miséricorde envers les familles blessées et
fragiles
IIIème Partie
La discussion : perspectives pastorales
Annoncer l’Évangile de la famille aujourd’hui, dans les différents contextes
Guider les futurs époux sur le chemin de la préparation au
mariage
Accompagner les premières années de la vie
conjugale
La pastorale des personnes qui vivent en union civile ou en
concubinage
Prendre soin des familles blessées (séparés, divorcés non remariés, divorcés remariés, famille
monoparentales)
L’attention pastorale envers les personnes ayant une orientation homosexuelle
La transmission de la vie et le défi de la
dénatalité
Le défi de l’éducation et le rôle de la famille dans l’évangélisation
Conclusion
Questions pour la réception et l’approfondissement de la Relatio Synodi
Question préalable se référant à toutes les sections de la Relatio Synodi
Questions sur la Ière Partie
L’écoute : le contexte et les défis sur la famille
Le contexte socioculturel (nos 5-8) L’importance de la vie affective (nos
9-10) Le défi pour la pastorale (n° 11)
Questions sur la IIème Partie
Le regard sur le Christ: l’Évangile de la famille
Le regard sur Jésus et la pédagogie divine dans l’histoire du salut (nos
12-14)
La famille dans le dessein salvifique de Dieu (nos 15-16)
La famille dans les documents de l’Église (nos 17-20)
L’indissolubilité du mariage et la joie de vivre ensemble (nos
21-22)
Vérité et beauté de la famille et miséricorde envers les familles blessées et
fragiles (nos 23-28)
Questions sur la IIIème Partie
La discussion : perspectives pastorales
Annoncer l’Évangile de la famille aujourd’hui, dans les différents contextes (nos
29-38)
Guider les futurs époux sur le chemin de la préparation au mariage (nos
39-40)
Accompagner les premières années de la vie conjugale (n° 40)
La pastorale des personnes qui vivent en union civile ou en concubinage (nos
41-43)
Prendre soin des familles blessées (séparés, divorcés non remariés, divorcés
remariés, familles monoparentales) (nos 44-54)
L’attention pastorale envers les personnes ayant une tendance homosexuelle (nos
55-56)
La transmission de la vie et le défi de la dénatalité (nos
57-59)
Le défi de l’éducation et le rôle de la famille dans l’évangélisation (nos
60-61)
Avant-Propos
Au terme de la IIIème Assemblée Générale
Extraordinaire du Synode des Évêques sur Les défis pastoraux de la
famille dans le contexte de l’évangélisation, célébrée en 2014, le Pape
François a décidé de rendre publique la Relatio Synodi, document par
lequel se sont conclus les travaux synodaux. Dans le même temps,
le Saint-Père a indiqué que ce document formera les Lineamenta de
la XIVème Assemblée Générale Ordinaire qui aura lieu du 4 au 25 octobre 2015 sur le
thème La vocation et la mission de la famille dans l’Église et dans le monde
contemporain.
La Relatio Synodi, qui est envoyée comme Lineamenta,
se conclut par ces mots: « Les réflexions proposées, fruit du travail synodal
qui s’est déroulé dans une grande liberté et avec un mode d’écoute réciproque,
entendent poser des questions et indiquer des perspectives qui devront mûrir et
être précisées par la réflexion des Églises locales durant l’année qui nous
sépare de l’Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques » (Relatio
Synodi nº 62).
Aux Lineamenta s’ajoute une série de questions pour savoir
comment le document a été reçu et pour solliciter l’approfondissement du travail
entrepris au cours de l’Assemblée Extraordinaire. Il s’agit de « repenser avec
une fraîcheur et un enthousiasme nouveaux à ce que la révélation, transmise dans
la foi de l’Église, nous dit sur la beauté, sur le rôle et sur la dignité de la
famille » (Relatio Synodi, nº 4). Dans cette perspective, nous sommes
appelés à vivre « une année pour mûrir, avec un vrai discernement spirituel, les
idées proposées et trouver des solutions concrètes aux nombreuses difficultés et
innombrables défis que les familles doivent affronter » (Pape François,
Discours de conclusion du Synode, 18 octobre 2014). Le résultat de cette
consultation, de concert avec la Relatio Synodi, constituera la matière
pour l’Instrumentum laboris de la XIVème Assemblée Générale Ordinaire de 2015.
Les Conférences épiscopales sont invitées à choisir les modalités
adéquates pour cet objectif en impliquant toutes les composantes des Églises
particulières et les institutions académiques, les organisations, les
associations de laïcs et les autres instances ecclésiales.
RELATIO SYNODI
de la
IIIèmeAssemblée Générale Extraordinaire
(5-19 octobre 2014)
Introduction
1.
Le Synode des Évêques réuni autour du Pape adresse ses pensées à toutes les
familles du monde, avec leurs joies, leurs peines et leurs espérances. En
particulier, il ressent le devoir de remercier le Seigneur pour la généreuse
fidélité avec laquelle tant de familles chrétiennes répondent à leur vocation et
à leur mission. Elles le font avec joie et avec foi même lorsque le chemin
familial les place face à des obstacles, des incompréhensions et des
souffrances. L’Église tout entière et ce Synode apprécient, remercient et
encouragent ces familles. Durant la veillée de prière célébrée place
Saint-Pierre, le 4 octobre 2014, en préparation du Synode sur la famille, le
Pape François a évoqué de manière simple et concrète l’aspect central de
l’expérience familiale dans la vie de tous, en s’exprimant ainsi : « Le soir
descend désormais sur notre assemblée. C’est l’heure où l’on rentre volontiers
chez soi pour se retrouver à la même table, entouré par la présence des liens
d’affection, du bien accompli et reçu, des rencontres qui réchauffent le cœur et
le font croître, comme un bon vin qui anticipe au cours de l’existence de
l’homme la fête sans crépuscule. C’est aussi l’heure la plus douloureuse pour
celui qui se retrouve en tête à tête avec sa propre solitude, dans le crépuscule
amer de rêves et de projets brisés : combien de personnes traînent-elles leurs
journées sur la voie sans issue de la résignation, de l’abandon, voire de la
rancœur ; dans combien de maisons est venu à manquer le vin de la joie et donc
la saveur — la sagesse même — de la vie [...] Ce soir, nous nous faisons la voix
des uns et des autres à travers notre prière, une prière pour tous ».
2.
Foyer de joies et d’épreuves, d’affections profondes et de relations parfois
blessées, la famille est vraiment une « école d’humanité » (cf. Gaudium et
Spes, 52), dont le besoin se fait fortement ressentir. En dépit des nombreux
signaux de crise de l’institution familiale dans les divers contextes du “
village global ”, le désir de famille reste vif, spécialement chez les jeunes,
et motive l’Église, experte en humanité et fidèle à sa mission, à annoncer sans
relâche et avec une profonde conviction l’“ Évangile de la famille ” qui lui fut
confié par la révélation de l’amour de Dieu en Jésus-Christ et continuellement
enseigné par les Pères, par les Maîtres de la spiritualité et par le Magistère
de l’Église. La famille revêt pour l’Église une importance toute particulière
et, au moment où tous les croyants sont invités à sortir d’eux-mêmes, il est
nécessaire que la famille se redécouvre comme sujet indispensable pour
l’évangélisation. Notre pensée va au témoignage missionnaire de tant de
familles.
3.
L’Évêque de Rome a appelé le Synode des Évêques à réfléchir sur la réalité de la
famille, décisive et précieuse, lors de son Assemblée Générale Extraordinaire
d’octobre 2014, pour approfondir ensuite la réflexion lors de l’Assemblée
Générale Ordinaire qui se tiendra en octobre 2015, ainsi que pendant l’année qui
sépare les deux événements synodaux. « Le fait de convenire in unum
autour de l’Évêque de Rome est déjà un événement de grâce, dans lequel la
collégialité épiscopale se manifeste sur un chemin de discernement spirituel et
pastoral » : c’est ainsi que le Pape François a décrit l’expérience synodale, en
indiquant ses tâches, en se plaçant dans la double écoute des signes de Dieu et
de l’histoire des hommes, ainsi que dans la double et unique fidélité qui
s’ensuit.
4.
À la lumière de ce même discours, nous avons recueilli les résultats de nos
réflexions et de nos dialogues en trois parties : l’écoute, pour considérer la
réalité de la famille aujourd’hui, dans la complexité de ses lumières et de ses
ombres ; le regard fixé sur le Christ, pour repenser avec une fraîcheur et un
enthousiasme nouveaux à ce que la révélation, transmise dans la foi de l’Église,
nous dit sur la beauté, sur le rôle et sur la dignité de la famille ; la
confrontation à la lumière du Seigneur Jésus pour discerner les voies permettant
de rénover l’Église et la société dans leur engagement pour la famille fondée
sur le mariage entre un homme et une femme.
Ière partie
L’écoute : le contexte et les défis concernant la famille
Le contexte socioculturel
5.
Fidèles à l’enseignement du Christ, nous regardons la réalité de la famille
aujourd’hui dans toute sa complexité, avec ses lumières et ses ombres. Nous
pensons aux parents, aux grands-parents, aux frères et sœurs, aux parents
proches et éloignés, ainsi qu’au lien entre deux familles que tisse tout
mariage. Le changement anthropologique et culturel influence aujourd’hui tous
les aspects de la vie et requiert une approche analytique et diversifiée. Il
faut avant tout souligner les aspects positifs : la plus grande liberté
d’expression et la plus grande reconnaissance des droits de la femme et des
enfants, au moins dans certaines régions du monde. Mais, d’un autre côté, il
faut également considérer le danger croissant que représente un individualisme
exaspéré qui dénature les liens familiaux et qui finit par considérer chaque
membre de la famille comme une île, en faisant prévaloir, dans certains cas,
l’idée d’un sujet qui se construit selon ses propres désirs élevés au rang
d’absolu. Il faut ajouter à cela une crise de la foi qui a touché de nombreux
catholiques et qui est souvent à l’origine des crises du mariage et de la
famille.
6.
Une des plus grandes pauvretés de la culture actuelle est la solitude, fruit de
l’absence de Dieu dans la vie des personnes et de la fragilité des relations. Il
existe aussi une sensation générale d’impuissance vis-à-vis de la situation
socio-économique qui finit souvent pas écraser les familles. Il en est ainsi à
cause de la pauvreté et de la précarité de l’emploi qui ne cessent d’augmenter
et qui sont parfois vécues comme un véritable cauchemar, ou bien à cause d’une
lourde fiscalité qui n’encourage certes pas les jeunes à se marier. Souvent les
familles se sentent abandonnées à cause du désintéressement et de la faible
attention que leur accordent les institutions. Les conséquences négatives du
point de vue de l’organisation sociale sont évidentes : de la crise
démographique aux problèmes éducatifs, de la difficultés d’accueillir la vie
naissante à l’impression de fardeau que représente la présence des personnes
âgées, jusqu’au malaise affectif diffus qui aboutit parfois à la violence.
L’État a la responsabilité de créer les conditions législatives et d’emploi pour
garantir l’avenir des jeunes et les aider à réaliser leur projet de fonder une
famille.
7.
Il existe des contextes culturels et religieux qui présentent des défis
particuliers. Dans certaines sociétés, la pratique de la polygamie demeure en
vigueur, tout comme la coutume du “ mariage par étapes ” dans quelques contextes
traditionnels. D’autres voient perdurer la pratique des mariages arrangés. Dans
les pays où la présence de l’Église catholique est minoritaire, les mariages
mixtes et de disparité de culte sont nombreux, avec toutes les difficultés
qu’ils comportent par rapport à la configuration juridique, au baptême, à
l’éducation des enfants et au respect réciproque du point de vue de la diversité
de la foi. Ces mariages peuvent présenter le risque du relativisme ou de
l’indifférence, mais ils peuvent aussi fournir une occasion de favoriser
l’esprit œcuménique et le dialogue interreligieux dans une coexistence
harmonieuse des communautés qui vivent en un même lieu. Dans de nombreux
contextes, et pas seulement occidentaux, on voit se diffuser à large échelle la
pratique de la cohabitation précédant le mariage ou même du concubinage qui ne
visent pas à prendre une forme de lien institutionnel. À cela s’ajoute une
législation civile qui compromet le mariage et la famille. En raison de la
sécularisation, dans de nombreuses parties du monde, la référence à Dieu a
fortement diminué et la foi n’est plus socialement partagée.
8.
De nombreux enfants naissent en dehors du mariage, en particulier dans certains
pays, et nombreux sont ceux qui grandissent ensuite avec un seul parent ou dans
un contexte familial élargi ou reconstitué. Le nombre de divorces augmente et le
cas de choix uniquement déterminés par des facteurs d’ordre économique n’est pas
rare. Les parents se disputent souvent les enfants, ceux-ci devenant alors les
vraies victimes des déchirements familiaux. Les pères sont souvent absents, non
seulement pour des raisons d’ordre économique, là où, en revanche, le besoin de
les voir assumer plus clairement leur responsabilité envers les enfants et la
famille se fait sentir. La dignité de la femme a encore besoin d’être défendue
et promue. De fait, aujourd’hui, dans de nombreux contextes, le fait d’être une
femme entraine des discriminations et le don même de la maternité est souvent
pénalisé plutôt que présenté comme une valeur. Il ne faut pas non plus oublier
les phénomènes croissants de violence dont les femmes sont victimes, parfois,
hélas, au sein même des familles, ni la grave mutilation génitale de la femme,
largement diffuse dans certaines cultures. L’exploitation sexuelle de l’enfance
constitue, par ailleurs, une des réalités les plus scandaleuses et les plus
perverses de la société actuelle. Les sociétés traversées par la violence à
cause de la guerre, du terrorisme ou de la présence de la criminalité organisée
connaissent, elles aussi, des situations familiales détériorées, surtout dans
les grandes métropoles et dans leurs banlieues où s’accroît le phénomène dit des
enfants des rues. En outre, les migrations représentent un autre signe des
temps, qu’il faut affronter et comprendre, avec tout leur poids de conséquences
sur la vie familiale.
L’importance de la vie affective
9.
Face au cadre social ainsi tracé, nous rencontrons dans bien des parties du
monde, chez les individus, un plus grand besoin de prendre soin de leur
personne, de se connaître intérieurement, de mieux vivre en harmonie avec leurs
émotions et leurs sentiments, de chercher des relations affectives de qualité ;
cette juste aspiration peut ouvrir au désir de s’engager dans la construction de
relations de don et de réciprocité créatives, solidaires et responsables, comme
le sont les relations familiales. Le danger individualiste et le risque de vivre
de façon égoïste sont importants. Le défi consiste, pour l’Église, à aider les
couples à mûrir dans la dimension émotionnelle et dans le développement
affectif, grâce à la promotion du dialogue, de la vertu et de la confiance dans
l’amour miséricordieux de Dieu. Le plein engagement exigé dans le mariage
chrétien peut constituer un fort antidote à la tentation d’un individualisme
égoïste.
10. Dans le monde actuel, les tendances culturelles qui semblent imposer une
affectivité sans limites, dont on veut explorer tous les versants, même les plus
complexes, ne manquent pas. De fait, la question de la fragilité affective est
d’une grande actualité : une affectivité narcissique, instable et changeante qui
n’aide pas toujours les sujets à atteindre une plus grande maturité. Une
certaine diffusion de la pornographie et de la commercialisation du corps est
préoccupante, favorisée aussi par un usage incorrect d’internet, et il faut dénoncer la situation des
personnes qui sont obligées de s’adonner à la prostitution. Dans ce contexte,
les couples sont parfois incertains, hésitants et peinent à trouver les moyens
de mûrir. Beaucoup sont ceux qui tendent à rester aux stades primaires de la vie
émotionnelle et sexuelle. La crise du couple déstabilise la famille et peut
provoquer, à travers les séparations et les divorces, de sérieuses conséquences
sur les adultes, sur les enfants et sur la société, en affaiblissant l’individu
et les liens sociaux. Le déclin démographique, dû à une mentalité antinataliste
et encouragé par les politiques mondiales en matière de santé reproductive,
entraine non seulement une situation où le renouvellement des générations n’est
plus assuré, mais risque de conduire à terme à un appauvrissement économique et
à une perte d’espérance en l’avenir. Le développement des biotechnologies a eu
lui aussi un fort impact sur la natalité.
Le défi pour la pastorale
11. Dans ce contexte, l’Église ressent la nécessité de dire une parole de vérité et
d’espérance. Il faut partir de la conviction que l’homme vient de Dieu et qu’en
conséquence une réflexion capable de proposer à nouveau les grandes questions
sur la signification de l’être humain peut trouver un terrain fertile dans les
attentes les plus profondes de l’humanité. Les grandes valeurs du mariage et de
la famille chrétienne correspondent à la recherche qui traverse l’existence
humaine, même à une époque marquée par l’individualisme et par l’hédonisme. Il
faut accueillir les personnes, avec leur existence concrète, savoir soutenir
leur recherche, encourager leur désir de Dieu et leur volonté de faire
pleinement partie de l’Église, même chez ceux qui ont connu un échec ou qui se
trouvent dans les situations les plus disparates. Le message chrétien comporte
toujours la réalité et la dynamique de la miséricorde et de la vérité, qui
convergent dans le Christ.
IIème Partie
Le regard sur le christ : l’Évangile de la famille
Le regard sur Jésus et la pédagogie divine dans l’histoire du salut
12. Afin de « contrôler notre allure sur le terrain des défis
contemporains, la condition
décisive est de garder le regard fixé sur Jésus Christ, de s’arrêter
dans la
contemplation et dans l’adoration de sa face [...]. En effet,
chaque fois que nous revenons à la source de l’expérience chrétienne,
de nouvelles routes et des possibilités impensables s’ouvrent »
(Pape François, Discours du 4 octobre 2014). Jésus a regardé avec
amour et tendresse les femmes et les hommes qu’il a rencontrés, en accompagnant
leurs pas avec vérité, patience et miséricorde, tout en annonçant les exigences
du Royaume de Dieu.
13. Étant donné que l’ordre de la création est déterminé par l’orientation vers le
Christ, il faut distinguer sans les séparer les différents degrés à travers
lesquels Dieu communique à l’humanité la grâce de l’alliance. En raison de la
pédagogie divine, selon laquelle l’ordre de la création évolue dans celui de la
rédemption à travers des étapes successives, il faut comprendre la nouveauté du
sacrement nuptial chrétien dans la continuité avec le mariage naturel des
origines. Nous comprenons ici la façon d’agir salvifique de Dieu, aussi bien
dans la création que dans la vie chrétienne. Dans la création : puisque tout a
été fait par le Christ et en vue de Lui (cf. Col 1, 16), les chrétiens «
découvrent avec joie et respect les semences du Verbe qui s’y trouvent cachées ;
ils doivent en même temps être attentifs à la transformation profonde qui
s’opère parmi les nations » (Ad Gentes, 11). Dans la vie chrétienne :
étant donné que par le Baptême, le croyant est inséré dans l’Église par le biais
de cette Église domestique qu’est sa famille, il entreprend ce « processus
dynamique qui va peu à peu de l’avant grâce à l’intégration progressive des dons
de Dieu » (Familiaris Consortio, 9), grâce à une conversion permanente à
l’amour qui sauve du péché et donne la vie en plénitude.
14. Se référant au dessein initial sur le couple humain, Jésus lui-même réaffirme
l’union indissoluble entre l’homme et la femme, tout en disant qu’ « en raison
de votre dureté de cœur, Moïse vous a permis de répudier vos femmes ; mais dès
l’origine il n’en fut pas ainsi » (Mt 19, 8). L’indissolubilité du
mariage (« Eh bien ! ce que Dieu a uni, l’homme ne doit point le séparer »,
Mt 19, 6), ne doit pas avant tout être compris comme un “ joug ” imposé
aux hommes, mais bien plutôt comme un “ don ” fait aux personnes unies par le
mariage. De la sorte, Jésus montre que la condescendance divine accompagne
toujours le chemin de l’homme, par sa grâce elle guérit et transforme le cœur
endurci en l’orientant vers son origine, à travers le chemin de la croix. Les
Évangiles font clairement ressortir l’exemple de Jésus qui est paradigmatique
pour l’Église. En effet, Jésus a pris place dans une famille, il a commencé à
accomplir ses premiers signes au cours d’une fête nuptiale à Cana, il a annoncé
le message concernant la signification du mariage comme plénitude de la
révélation qui permet de retrouver le projet originel de Dieu (cf. Mt 19,
3). Mais, en même temps, il a mis en pratique la doctrine enseignée, manifestant
ainsi le véritable sens de la miséricorde. Ceci apparaît clairement dans les
rencontres avec la Samaritaine (cf. Jn 4, 1-30) et avec la femme adultère
(cf. Jn 8, 1-11) où Jésus, par une attitude d’amour envers la personne
pécheresse, conduit au repentir et à la conversion (« va, désormais ne pèche
plus »), condition du pardon.
La famille dans le dessein salvifique de Dieu
15. Les paroles de vie éternelle que Jésus a laissées à ses disciples comprenaient
l’enseignement sur le mariage et la famille. Cet enseignement de Jésus nous
permet de distinguer trois étapes fondamentales du projet de Dieu sur le mariage
et la famille. Au début, il y a la famille des origines, quand Dieu créateur
institua le mariage primordial entre Adam et Ève, comme fondement solide de la
famille. Non seulement Dieu a créé l’être humain, homme et femme (cf. Gn
1, 27), mais il les a bénis pour qu’ils soient féconds et se multiplient (cf.
Gn 1, 28). C’est pourquoi, « l’homme quitte son père et sa mère et s’attache
à sa femme, et ils deviennent une seule chair » (Gn 2, 24). Cette union a
été endommagée par le péché et est devenue la forme historique du mariage au
sein du peuple de Dieu, pour lequel Moïse concéda la possibilité de rédiger un
acte de divorce (cf. Dt 24, 1sq). Cette forme prévalait encore à l’époque
de Jésus. Avec son avènement et la réconciliation du monde déchu grâce à la
rédemption qu’il a accomplie, l’ère inaugurée par Moïse s’acheva.
16. Jésus, qui a réconcilié toutes choses en lui, a ramené le mariage et la famille
à leur forme originelle (cf. Mc 10, 1-12). La famille et le mariage ont
été rachetés par le Christ (cf. Ep 5, 21-32), restaurés à l’image de la
Très Sainte Trinité, mystère d’où jaillit tout amour véritable. L’alliance
sponsale, inaugurée dans la création et révélée dans l’histoire du salut, reçoit
la pleine révélation de sa signification dans le Christ et dans son Église. Du
Christ, à travers l’Église, le mariage et la famille reçoivent la grâce
nécessaire pour témoigner de l’amour de Dieu et vivre la vie de communion.
L’Évangile de la famille traverse l’histoire du monde depuis la création de
l’homme à l’image et à la ressemblance de Dieu (cf. Gn 1, 26-27) jusqu’à
l’accomplissement du mystère de l’Alliance dans le Christ à la fin des siècles
avec les noces de l’Agneau (cf. Ap 19, 9 ; Jean-Paul II, Catéchèses
sur l’amour humain).
La famille dans les documents de l’Église
17. « Au cours des siècles, l’Église n’a pas manqué d’offrir son enseignement
constant sur le mariage et la famille. Une des expressions les plus élevées de
ce Magistère a été proposée par le Concile Œcuménique Vatican II, dans la
Constitution pastorale Gaudium et Spes, qui consacre un chapitre entier à
la promotion de la dignité du mariage et de la famille (cf. Gaudium et Spes
47-52). Il a qualifié le mariage de communauté de vie et d’amour (cf. Gaudium
et Spes 48), en plaçant l’amour au centre de la famille et en montrant, en
même temps, la vérité de cet amour face aux différentes formes de réductionnisme
présentes dans la culture contemporaine. Le “ véritable amour conjugal ” (Gaudium
et Spes 49) implique le don réciproque de soi, inclut et intègre la
dimension sexuelle et l’affectivité, en correspondant au dessein divin (cf.
Gaudium et Spes 48-49). De plus, Gaudium et Spes 48 souligne
l’enracinement des époux dans le Christ : le Christ Seigneur “ vient à la
rencontre des époux chrétiens dans le sacrement du mariage ” et demeure avec
eux. Dans l’incarnation, il assume l’amour humain, le purifie, le conduit à sa
plénitude et donne aux époux, avec son Esprit, la capacité de le vivre en
imprégnant toute leur vie de foi, d’espérance et de charité. De la sorte, les
époux sont comme consacrés et, par une grâce spécifique, ils édifient le Corps
du Christ et constituent une Église domestique (cf. Lumen Gentium, 11).
Aussi l’Église, pour comprendre pleinement son mystère, regarde-t-elle la
famille humaine qui le manifeste d’une façon authentique » (Instrumentum
Laboris, 4).
18. « Dans le sillage du Concile Vatican II, le Magistère pontifical a approfondi la
doctrine sur le mariage et sur la famille. Paul VI, en particulier, par
l’Encyclique Humanae Vitae, a mis en lumière le lien intime entre l’amour
conjugal et l’engendrement de la vie. Saint Jean-Paul II a consacré à la famille
une attention particulière à travers ses catéchèses sur l’amour humain, sa
Lettre aux familles (Gratissimam Sane) et surtout dans l’Exhortation
Apostolique Familiaris Consortio. Dans ces documents, ce Pape a qualifié
la famille de “ voie de l’Église ” ; il a offert une vision d’ensemble sur la
vocation à l’amour de l’homme et de la femme ; il a proposé les lignes
fondamentales d’une pastorale de la famille et de la présence de la famille dans
la société. En particulier, s’agissant de la charité conjugale (cf.
Familiaris Consortio, 13), il décrit la façon dont les époux, dans leur
amour mutuel, reçoivent le don de l’Esprit du Christ et vivent leur appel à la
sainteté » (Instrumentum Laboris, 5).
19. « Benoît XVI, dans l’Encyclique Deus Caritas Est, a repris le thème de la
vérité de l’amour entre homme et femme, qui ne s’éclaire pleinement qu’à la
lumière de l’amour du Christ crucifié (cf. Deus Caritas Est, 2). Il y
réaffirme que : “ Le mariage fondé sur un amour exclusif et définitif devient
l’icône de la relation de Dieu avec son peuple et réciproquement: la façon dont
Dieu aime devient la mesure de l’amour humain ” (Deus Caritas Est, 11).
Par ailleurs, dans son Encyclique Caritas in Veritate, il met en évidence
l’importance de l’amour comme principe de vie dans la société (cf. Caritas in
Veritate, 44), lieu où s’apprend l’expérience du bien commun » (Instrumentum
Laboris, 6).
20. « Le Pape François, abordant le lien entre la famille et la foi, écrit dans
l’Encyclique Lumen Fidei : “ La rencontre avec le Christ - le fait de se
laisser saisir et guider par son amour - élargit l’horizon de l’existence et lui
donne une espérance solide qui ne déçoit pas. La foi n’est pas un refuge pour
ceux qui sont sans courage, mais un épanouissement de la vie. Elle fait
découvrir un grand appel, la vocation à l’amour, et assure que cet amour est
fiable, qu’il vaut la peine de se livrer à lui, parce que son fondement se
trouve dans la fidélité de Dieu, plus forte que notre fragilité ” (Lumen
Fidei, 53) » (Instrumentum Laboris, 7).
L’indissolubilité du mariage et la joie de vivre ensemble
21. Le don réciproque constitutif du mariage sacramentel est enraciné dans la grâce
du baptême qui établit l’alliance fondamentale de chaque personne avec le Christ
dans l’Église. Dans l’accueil réciproque et avec la grâce du Christ, les futurs
époux se promettent un don total, une fidélité et une ouverture à la vie, ils
reconnaissent comme éléments constitutifs du mariage les dons que Dieu leur
offre, en prenant au sérieux leur engagement réciproque, en son nom et devant
l’Église. Or, dans la foi, il est possible d’assumer les biens du mariage comme
des engagements plus faciles à tenir grâce à l’aide de la grâce du sacrement.
Dieu consacre l’amour des époux et confirme son indissolubilité, en leur offrant
son aide pour vivre la fidélité, l’intégration réciproque et l’ouverture à la
vie. Par conséquent, le regard de l’Église se tourne vers les époux comme vers
le cœur de la famille entière qui tourne à son tour son regard vers Jésus.
22. Dans cette même perspective, faisant nôtre l’enseignement de l’Apôtre, selon qui
toute la création a été pensée dans le Christ et en vue de lui (cf. Col
1, 16), le Concile Vatican II a voulu exprimer son appréciation du mariage
naturel et des éléments valables présents dans les autres religions (cf.
Nostra Aetate, 2) et dans les cultures, malgré les limites et les
insuffisances (cf. Redemptoris Missio, 55). La présence des semina
Verbi dans les cultures (cf. Ad Gentes, 11) pourrait aussi être
appliquée, par certains aspects, à la réalité du mariage et de la famille de
nombreuses cultures et de personnes non chrétiennes. Il existe, par ailleurs,
des éléments valides aussi dans certaines formes se situant hors du mariage
chrétien – mais toujours fondé sur la relation stable et vraie entre un homme et
une femme -, que nous considérons, quoi qu’il en soit, comme étant orientées
vers lui. Le regard tourné vers la sagesse humaine des peuples et des cultures,
l’Église reconnaît aussi cette famille comme la cellule de base nécessaire et
féconde à la coexistence humaine.
Vérité et beauté de la famille et miséricorde envers les familles blessées et
fragiles
23. C’est avec une joie intime et une profonde consolation que l’Église regarde les
familles qui demeurent fidèles aux enseignements de l’Évangile, en les
remerciant et en les encourageant pour le témoignage qu’elles offrent. En effet,
elles rendent crédible la beauté du mariage indissoluble et fidèle pour
toujours. C’est dans la famille, « que l’on pourrait appeler Église domestique »
(Lumen Gentium, 11), que mûrit la première expérience ecclésiale de la
communion entre les personnes, où se reflète, par grâce, le mystère de la Sainte
Trinité. « C’est ici que l’on apprend l’endurance et la joie du travail, l’amour
fraternel, le pardon généreux, même réitéré, et surtout le culte divin par la
prière et l’offrande de sa vie » (Catéchisme de l’Église Catholique,
1657). La Sainte Famille de Nazareth en est l’admirable modèle ; c’est à son
école que « nous comprenons pourquoi nous devons avoir une discipline
spirituelle, si nous voulons suivre la doctrine de l’Évangile et devenir des
disciples du Christ » (Paul VI, Discours à Nazareth, 5 janvier 1964).
L’Évangile de la famille nourrit également ces germes qui attendent encore de
mûrir et doit prendre soin des arbres qui se sont desséchés et qui ont besoin de
ne pas être négligés.
24. L’Église, en tant que maîtresse sûre et mère prévenante, tout en reconnaissant
que, pour les baptisés, il n’existe pas d’autre lien nuptial que le lien
sacramentel et que toute rupture de ce dernier va à l’encontre de la volonté de
Dieu, est également consciente de la fragilité de nombreux de ses fils qui
peinent sur le chemin de la foi. « Par conséquent, sans diminuer la valeur de
l’idéal évangélique, il faut accompagner avec miséricorde et patience les étapes
possibles de croissance des personnes qui se construisent jour après jour. […]
Un petit pas, au milieu de grandes limites humaines, peut être plus apprécié de
Dieu que la vie extérieurement correcte de celui qui passe ses jours sans avoir
à affronter d’importantes difficultés. La consolation et l’aiguillon de l’amour
salvifique de Dieu, qui œuvre mystérieusement en toute personne, au-delà de ses
défauts et de ses chutes, doivent rejoindre chacun » (Evangelii Gaudium,
44).
25. Dans l’optique d’une approche pastorale envers les personnes qui ont contracté
un mariage civil, qui sont divorcées et remariées, ou qui vivent simplement en
concubinage, il revient à l’Église de leur révéler la divine pédagogie de la
grâce dans leurs vie et de leur aider à parvenir à la plénitude du plan de Dieu
sur eux. En suivant le regard du Christ, dont la lumière éclaire tout homme (cf.
Jn 1, 9 ; Gaudium et Spes, 22), l’Église se tourne avec amour vers
ceux qui participent à sa vie de manière incomplète, tout en reconnaissant que
la grâce de Dieu agit aussi dans leurs vies, leur donnant le courage d’accomplir
le bien, pour prendre soin l’un de l’autre avec amour et être au service de la
communauté dans laquelle ils vivent et travaillent.
26. L’Église regarde avec appréhension la méfiance de tant de jeunes vis-à-vis de
l’engagement conjugal et souffre de la précipitation avec laquelle beaucoup de
fidèles décident de mettre fin au lieu assumé, pour en instaurer un autre. Ces
fidèles, qui font partie de l’Église ont besoin d’une attention pastorale
miséricordieuse et encourageante, en distinguant attentivement les situations.
Les jeunes baptisés doivent être encouragés à ne pas hésiter devant la richesse
que le sacrement du mariage procure à leurs projets d’amour, forts du soutien
qu’ils reçoivent de la grâce du Christ et de la possibilité de participer
pleinement à la vie de l’Église.
27. En ce sens, une dimension nouvelle de la pastorale familiale contemporaine
consiste à accorder une grande attention à la réalité des mariages civils entre
homme et femme et, en tenant bien compte des différences, des concubinages.
Quand l’union atteint une stabilité consistante à travers un lien public, elle
est caractérisée par une affection profonde, confère des responsabilités à
l’égard des enfants, donne la capacité de surmonter les épreuves et peut être
considérée comme une occasion à accompagner dans le développement menant au
sacrement du mariage. Très souvent, en revanche, le concubinage s’établit non
pas en vue d’un futur mariage, mais sans aucune intention d’établir un rapport
institutionnel.
28. Conformément au regard miséricordieux de Jésus, l’Église doit accompagner d’une
manière attentionnée ses fils les plus fragiles, marqués par un amour blessé et
égaré, en leur redonnant confiance et espérance, comme la lumière du phare d’un
port ou d’un flambeau placé au milieu des gens pour éclairer ceux qui ont perdu
leur chemin ou qui se trouvent au beau milieu de la tempête. Conscients que la
miséricorde la plus grande consiste à dire la vérité avec amour, nous allons
au-delà de la compassion. L’amour miséricordieux, tout comme il attire et unit,
transforme et élève. Il invite à la conversion. C’est également ainsi que nous
comprenons l’attitude du Seigneur, qui ne condamne pas la femme adultère, mais
lui demande de ne plus pécher (cf. Jn 8, 1-11).
IIIème Partie
La discussion : perspectives pastorales
Annoncer l’Évangile de la famille aujourd’hui, dans les différents contextes
29. Le dialogue synodal s’est attardé sur plusieurs questions pastorales plus
urgentes devant trouver des solutions concrètes dans les Églises locales, dans
la communion “ cum Petro et sub Petro ”. L’annonce de l’Évangile de la
famille constitue une urgence pour la nouvelle évangélisation. L’Église est
appelée à le mettre en pratique, avec une tendresse de mère et une clarté de
maîtresse (cf. Ep 4, 15), dans la fidélité à la kénose miséricordieuse du
Christ. La vérité s’incarne dans la fragilité humaine non pour la condamner,
mais pour la sauver (cf. Jn 3,16-17).
30. Évangéliser est une responsabilité de l’ensemble du peuple de Dieu, chacun selon
son ministère et son charisme. Sans le témoignage joyeux des époux et des
familles, Églises domestiques, l’annonce, même si elle est correcte, risque
d’être incomprise ou de se noyer dans la mer des mots qui caractérise notre
société (cf. Novo Millennio Ineunte, 50). Les Pères synodaux ont souligné
à plusieurs reprises que les familles catholiques sont appelées, en vertu de la
grâce du sacrement nuptial, à être elles-mêmes des sujets actifs de la pastorale
familiale.
31. Il sera décisif de mettre en relief la primauté de la grâce et donc les
possibilités que donne l’Esprit dans le sacrement. Il s’agit de faire en sorte
que les personnes puissent expérimenter que l’Évangile de la famille est une
joie qui « remplit le cœur et la vie tout entière », car dans le Christ nous
sommes « libérés du péché, de la tristesse, du vide intérieur, de l’isolement »
(Evangelii Gaudium, 1). À la lumière de la parabole du semeur (cf. Mt
13, 3-9), notre devoir est de coopérer pour les semailles : le reste, c’est
l’œuvre de Dieu. Il ne faut pas oublier non plus que l’Église qui prêche sur la
famille est un signe de contradiction.
32. C’est pourquoi une conversion missionnaire est demandée à toute l’Église : il
est nécessaire de ne pas s’en tenir à une annonce purement théorique et détachée
des problèmes réels des gens. Il ne faut jamais oublié que la crise de la foi a
comporté une crise du mariage et de la famille et, en conséquence, la
transmission de cette même foi des parents aux enfants s’est souvent
interrompue. Face à une foi forte, l’imposition de certaines perspectives
culturelles qui affaiblissent la famille et le mariage est sans incidence.
33. La conversion est aussi celle du langage afin que celui-ci apparaisse comme
étant effectivement significatif. L’annonce doit faire connaître par
l’expérience que l’Évangile de la famille est une réponse aux attentes les plus
profondes de la personne humaine : à sa dignité et à sa pleine réalisation dans
la réciprocité, dans la communion et dans la fécondité. Il ne s’agit pas
seulement de présenter des normes, mais de proposer des valeurs, en répondant
ainsi au besoin que l’on constate aujourd’hui, même dans les pays les plus
sécularisés.
34. La Parole de Dieu est source de vie et de spiritualité pour la famille. Toute la
pastorale familiale devra se laisser modeler intérieurement et former les
membres de l’Église domestique grâce à la lecture orante et ecclésiale de
l’Écriture Sainte. La Parole de Dieu n’est pas seulement une bonne nouvelle pour
la vie privée des personnes, mais c’est aussi un critère de jugement et une
lumière pour le discernement des différents défis auxquels sont confrontés les
époux et les familles.
35. En même temps, de nombreux Pères synodaux ont insisté sur une approche plus
positive des richesses des diverses expériences religieuses, sans pour autant
passer sous silence les difficultés. Dans ces diverses réalités religieuses et
dans la grande diversité culturelle qui caractérise les nations, il est opportun
d’apprécier d’abord les possibilités positives et, à la lumière de celles-ci,
d’évaluer les limites et les carences.
36. Le mariage chrétien est une vocation qui s’accueille par une préparation
adéquate au long d’un itinéraire de foi, avec un discernement mûr, et qui ne
doit pas seulement être considéré comme une tradition culturelle ou une exigence
sociale ou juridique. Par conséquent, il faut organiser des parcours capables
d’accompagner la personne et le couple de façon à ce qu’à la communication des
contenus de la foi s’unisse l’expérience de vie offerte par la communauté
ecclésiale tout entière.
37. La nécessité d’un renouveau radical de la pratique pastorale à la lumière de
l’Évangile de la famille, en dépassant les optiques individualistes qui la
caractérisent encore, a été rappelée à maintes reprises. C’est pourquoi,
l’insistance a souvent été mise sur le renouveau de la formation des prêtres,
des diacres et des autres agents pastoraux, notamment avec une plus grande
implication des familles elles-mêmes.
38. De même, les Pères ont souligné la nécessité d’une évangélisation qui dénonce
avec franchise les conditionnements culturels, sociaux et économiques, comme la
place excessive donnée à la logique du marché, qui empêchent une vie familiale
authentique, entrainant des discriminations, la pauvreté, des exclusions et la
violence. Voilà pourquoi il faut développer un dialogue et une coopération avec
les structures sociales ; les laïcs qui s’engagent, en tant que chrétiens, dans
les domaines culturel et sociopolitique, doivent être encouragés et soutenus.
Guider les futurs époux sur le chemin de la préparation au mariage
39. La situation sociale complexe et les défis auxquels la famille est appelée à
faire face exigent de toute la communauté chrétienne davantage d’efforts pour
s’engager dans la préparation au mariage des futurs époux. Il faut rappeler
l’importance des vertus. Parmi elles, la chasteté apparaît comme une condition
précieuse pour la croissance authentique de l’amour interpersonnel. En ce qui
concerne cette nécessité, les Pères synodaux ont souligné d’un commun accord
l’exigence d’une plus grande implication de l’ensemble de la communauté, en
privilégiant le témoignage des familles elles-mêmes, et d’un enracinement de la
préparation au mariage dans l’itinéraire de l’initiation chrétienne, en
soulignant le lien du mariage avec le baptême et les autres sacrements. De même,
la nécessité de programmes spécifiques a été mise en évidence pour la
préparation proche du mariage, afin qu’ils constituent une véritable expérience
de participation à la vie ecclésiale et approfondissent les différents aspects
de la vie familiale.
Accompagner les premières années de la vie conjugale
40. Les premières années de mariage sont une période vitale et délicate durant
laquelle les couples acquièrent davantage conscience des défis et de la
signification du mariage. D’où l’exigence d’un accompagnement pastoral qui se
poursuive après la célébration du sacrement (cf. Familiaris Consortio,
IIIème partie). Dans cette pastorale, la présence de couples mariés
ayant une certaine expérience apparaît d’une grande importance. La paroisse est
considérée comme le lieu où des couples expérimentés peuvent se mettre à la
disposition des couples plus jeunes, avec l’éventuel concours d’associations, de
mouvements ecclésiaux et de communautés nouvelles. Il faut encourager les époux
à s’ouvrir à une attitude fondamentale d’accueil du grand don que représentent
les enfants. Il faut souligner l’importance de la spiritualité familiale, de la
prière et de la participation à l’Eucharistie dominicale, en encourageant les
couples à se réunir régulièrement pour favoriser la croissance de la vie
spirituelle et la solidarité au niveau des exigences concrètes de la vie.
Liturgies, pratiques dévotionnelles et Eucharisties célébrées pour les familles,
surtout pour l’anniversaire du mariage ont été mentionnées comme étant vitales
pour favoriser l’évangélisation à travers la famille.
La pastorale des personnes qui sont mariés civilement ou vivent en concubinage
41. Tout en continuant à annoncer et à promouvoir le mariage chrétien, le Synode
encourage aussi le discernement pastoral des situations de beaucoup de gens qui
ne vivent plus dans cette situation. Il est important d’entrer en dialogue
pastoral avec ces personnes afin de mettre en évidence les éléments de leur vie
qui peuvent conduire à une plus grande ouverture à l’Évangile du mariage dans sa
plénitude. Les pasteurs doivent discerner les éléments qui peuvent favoriser
l’évangélisation et la croissance humaine et spirituelle. Aujourd’hui, dotée
d’une sensibilité nouvelle, la pastorale s’efforce de saisir les éléments
positifs présents dans les mariages civils et, compte-tenu des différences, dans
les concubinages. Tout en affirmant clairement le message chrétien, nous devons
aussi indiquer, dans notre proposition ecclésiale, des éléments constructifs
dans ces situations qui ne correspondent pas encore ou qui ne correspondent plus
à cet idéal.
42. On a remarqué que, dans de nombreux pays, un « nombre croissant de couples
vivent ensemble ad experimentum, sans aucun mariage ni canonique, ni
civil » (Instrumentum Laboris, 81). Dans certains pays, ceci advient
spécialement dans le mariage traditionnel, concerté entre les familles et
souvent célébrées en diverses étapes. Dans d’autres pays, en revanche, le nombre
de ceux qui, après avoir vécu longtemps ensemble, demandent la célébration du
mariage à l’Église, connaît une augmentation constante. Le simple concubinage
est souvent choisi à cause de la mentalité générale contraire aux institutions
et aux engagements définitifs, mais aussi parce que les personnes attendent
d’avoir une certaine sécurité économique (emploi et salaire fixe). Dans d’autres
pays, enfin, les unions de fait sont très nombreuses, non seulement à cause du
rejet des valeurs de la famille et du mariage, mais surtout parce que se marier
est perçu comme un luxe, en raison des conditions sociales, de sorte que la
misère matérielle pousse à vivre des unions de fait.
43. Toutes ces situations doivent être affrontées d’une manière constructive, en
cherchant à les transformer en occasions de cheminement vers la plénitude du
mariage et de la famille à la lumière de l’Évangile. Il s’agit de les accueillir
et de les accompagner avec patience et délicatesse. À cette fin, le témoignage
séduisant d’authentiques familles chrétiennes, comme sujets de l’évangélisation
de la famille, est important.
Prendre soin des familles blessées (séparés, divorcés non remariés, divorcés
remariés, familles monoparentales)
44. Quand les époux connaissent des problèmes dans leurs relations, ils doivent
pouvoir compter sur l’aide et sur l’accompagnement de l’Église. La pastorale de
la charité et la miséricorde tend à faire en sorte que les personnes se
retrouvent et que les relations soient restaurées. L’expérience montre qu’avec
une aide appropriée et par l’action réconciliatrice de la grâce, bon nombre de
crises conjugales sont surmontées d’une manière satisfaisante. Savoir pardonner
et se sentir pardonné constitue une expérience fondamentale dans la vie
familiale. Le pardon entre les époux permet de faire l’expérience d’un amour qui
est pour toujours et ne passe jamais (cf. 1 Co 13, 8). Cependant, il
apparaît parfois difficile, pour celui qui a reçu le pardon de Dieu d’avoir la
force d’offrir un pardon authentique qui régénère la personne.
45. Au cours du Synode, la nécessité de choix pastoraux courageux a été clairement
ressenti. Confirmant avec force la fidélité à l’Évangile de la famille et
reconnaissant que la séparation et le divorce sont toujours des blessures qui
provoquent des souffrances pour les époux qui les vivent comme pour les enfants,
les Pères synodaux ont ressenti l’urgence d’itinéraires pastoraux nouveaux, qui
partent de la situation effective des fragilités familiales, en sachant que
souvent elles sont davantage “ subies ” dans la souffrance que choisies en
pleine liberté. Il s’agit de situations différentes selon les facteurs
personnels, culturels et socioéconomiques. Un regard différencié est nécessaire,
comme le suggérait déjà saint Jean-Paul II (cf. Familiaris Consortio,
84).
46. Chaque famille doit tout d’abord être écoutée avec respect et avec amour, en
nous faisant compagnons de route comme le Christ le fit avec les disciples sur
le chemin d’Emmaüs. Pour ces situations, ces paroles du Pape François revêtent
une valeur toute particulière : « L’Église devra initier ses membres – prêtres,
personnes consacrées et laïcs – à cet “ art de l’accompagnement ”, pour que tous
apprennent toujours à ôter leurs sandales devant la terre sacrée de l’autre (cf.
Ex 3, 5). Nous devons donner à notre chemin le rythme salutaire de la
proximité, avec un regard respectueux et plein de compassion mais qui en même
temps guérit, libère et encourage à mûrir dans la vie chrétienne » (Evangelii
Gaudium, 169).
47. Un discernement particulier est indispensable pour accompagner, sur le plan
pastoral, les personnes séparées, divorcées ou abandonnées. La souffrance de
ceux qui ont subi injustement la séparation, le divorce ou l’abandon doit être
accueillie et mise en valeur, de même que la souffrance de ceux qui ont été
contraints de rompre la vie en commun à cause des mauvais traitements de leur
conjoint. Le pardon pour l’injustice subie n’est pas facile, mais c’est un
chemin que la grâce rend possible. D’où la nécessité d’une pastorale de la
réconciliation et de la médiation, notamment à travers des centres d’écoute
spécialisés qu’il faut organiser dans les diocèses. De même, il faut toujours
souligner qu’il est indispensable de prendre en charge, d’une manière loyale et
constructive, les conséquences de la séparation ou du divorce sur les enfants
qui sont, dans tous les cas, les victimes innocentes de cette situation. Ils ne
peuvent pas être un “ objet ” qu’on se dispute et il convient de chercher les
formes les meilleures leur permettant de surmonter le traumatisme de la scission
familiale et de grandir de la manière la plus sereine possible. En tout cas,
l’Église devra toujours mettre en relief l’injustice qui dérive souvent d’une
situation de divorce. Une attention spéciale doit être accordée à
l’accompagnement des familles monoparentales, en particulier il faut aider les
femmes qui doivent porter seules la responsabilité de la maison et de
l’éducation des enfants.
48. Un grand nombre de Pères a souligné la nécessité de rendre plus accessibles et
souples, et si possible entièrement gratuites, les procédures en vue de la
reconnaissance des cas de nullité. Parmi les propositions, ont été indiqués :
l’abolition de la nécessité de la double sentence conforme ; l’ouverture d’une
voie administrative sous la responsabilité de l’évêque diocésain ; le recours à
un procès simplifié en cas de nullité notoire. Certains Pères se disent
toutefois contraires à ces propositions, car elles ne garantiraient pas un
jugement fiable. Il faut réaffirmer que, dans tous ces cas, il s’agit de
vérifier la vérité sur la validité du lien. Selon d’autres propositions, il
faudrait aussi considérer la possibilité de mettre en relief, en fonction de la
validité du sacrement du mariage, le rôle de la foi des deux personnes qui
avaient demandé le mariage, en tenant compte du fait qu’entre baptisés tous les
mariages valides sont sacrement.
49. Au sujet des procès matrimoniaux, l’allègement de la procédure, requis par
beaucoup, en plus de la préparation d’un personnel suffisant - clercs et laïcs –
s’y consacrant prioritairement, exige de souligner la responsabilité de l’évêque
diocésain qui, dans son diocèse, pourrait charger des experts dûment préparés
pour conseiller gratuitement les parties sur la validité de leur mariage. Cette
fonction pourrait être exercée par un bureau ou par des personnes qualifiées
(cf. Dignitas Connubii, art. 113, 1).
50. Les personnes divorcées mais non remariées, qui sont souvent des témoins de la
fidélité conjugale, doivent être encouragées à trouver dans l’Eucharistie la
nourriture qui les soutienne dans leur état. La communauté locale et les
Pasteurs doivent accompagner ces personnes avec sollicitude, surtout quand il y
a des enfants ou qu’elles se trouvent dans de graves conditions de pauvreté.
51. Les situations des divorcés remariés exigent aussi un discernement attentif et
d’être accompagnés avec beaucoup de respect, en évitant tout langage et toute
attitude qui fassent peser sur eux un sentiment de discrimination ; il faut
encourager leur participation à la vie de la communauté. Prendre soin d’eux ne
signifie pas pour la communauté chrétienne un affaiblissement de sa foi et de
son témoignage sur l’indissolubilité du mariage, c’est plutôt précisément en
cela que s’exprime sa charité.
52. La réflexion a porté sur la possibilité pour les divorcés remariés d’accéder aux
sacrements de la Pénitence et de l’Eucharistie. Plusieurs Pères synodaux ont
insisté pour maintenir la discipline actuelle, en vertu du rapport constitutif
entre la participation à l’Eucharistie et la communion avec l’Église et son
enseignement sur le mariage indissoluble. D’autres se sont exprimés en faveur
d’un accueil non généralisé au banquet eucharistique, dans certaines situations
particulières et à conditions bien précises, surtout quand il s’agit de cas
irréversibles et liés à des obligations morales envers les enfants qui
viendraient à subir des souffrances injustes. L’accès éventuel aux sacrements
devrait être précédé d’un cheminement pénitentiel sous la responsabilité de
l’évêque diocésain. La question doit encore être approfondie, en ayant bien
présente la distinction entre la situation objective de péché et les
circonstances atténuantes, étant donné que « L’imputabilité et la responsabilité
d’une action peuvent être diminuées voire supprimées » par divers « facteurs
psychiques ou sociaux » (Catéchisme de l’Église Catholique, 1735).
53. Certains Pères ont soutenu que les personnes divorcées et remariées ou vivant en
concubinage peuvent recourir de manière fructueuse à la communion spirituelle.
D’autres Pères se sont demandés pourquoi, alors, elles ne pouvaient accéder à la
communion sacramentelle. Un approfondissement de cette thématique est donc
requis afin de permettre de faire ressortir la spécificité de ces deux formes et
leur lien avec la théologie du mariage.
54. Les problématiques relatives aux mariages mixtes sont souvent revenues dans les
interventions des Pères synodaux. La diversité de la discipline relative au
mariage dans les Églises orthodoxes pose, dans certains contextes, des problèmes
sur lesquels il est nécessaire de réfléchir au niveau œcuménique. De même, pour
les mariages interreligieux, la contribution du dialogue avec les religions sera
importante.
L’attention pastorale envers les personnes ayant une orientation homosexuelle
55. Dans certaines familles, des personnes ont une orientation
homosexuelle. À cet
égard, nous nous sommes interrogés sur l’attention pastorale à adopter
face à
ces situations, en nous référant à l’enseignement de l’Église : « Il n'y
a aucun fondement pour assimiler ou établir des analogies, même
lointaines, entre les unions homosexuelles et le dessein de Dieu sur le
mariage
et la famille ». Néanmoins, les hommes et les femmes ayant des tendances
homosexuelles doivent
être accueillis avec respect et délicatesse. « À leur égard, on évitera
toute
marque de discrimination injuste » (Congrégation pour la Doctrine
de la Foi,
Considérations à propos des projets de reconnaissance juridique des unions
entre personnes homosexuelles, 4).
56. Il est totalement inacceptable que les Pasteurs de l’Église subissent des
pressions en ce domaine et que les organismes internationaux subordonnent leurs
aides financières aux pays pauvres à l’introduction de lois qui instituent le “
mariage ” entre des personnes du même sexe.
La transmission de la vie et le défi de la dénatalité
57. Il n’est pas difficile de constater la diffusion d’une mentalité qui réduit
l’engendrement de la vie à une variable du projet individuel ou de couple. Les
facteurs d’ordre économique exercent un poids parfois déterminant qui contribue
à la forte baisse de la natalité. Cela affaiblit le tissu social, compromet le
rapport entre les générations et rend plus incertain le regard sur l’avenir.
L’ouverture à la vie est une exigence intrinsèque de l’amour conjugal. À cette
lumière, l’Église soutient les familles qui accueillent, éduquent et entourent
de leur affection les enfants en situation de handicap.
58. Dans ce domaine aussi, il faut partir de l’écoute des personnes et donner raison
de la beauté et de la vérité d’une ouverture inconditionnelle à la vie comme ce
dont l’amour humain a besoin pour être vécu en plénitude. C’est sur cette base
que peut reposer un enseignement approprié quant aux méthodes naturelles de
procréation responsable. Il s’agit d’aider à vivre d’une manière harmonieuse et
consciente la communion entre les époux, sous toutes ses dimensions, y compris
la responsabilité d’engendrer. Il faut redécouvrir le message de l’Encyclique
Humanae Vitae de Paul VI, qui souligne le besoin de respecter la dignité de
la personne dans l’évaluation morale des méthodes de régulation des naissances.
L’adoption d’enfants, orphelins et abandonnés, accueillis comme ses propres
enfants, est une forme spécifique d’apostolat familial (cf. Apostolicam
Actuositatem, 11), plusieurs fois rappelée et encouragée par le magistère
(cf. Familiaris Consortio, 41 ; Evangelium Vitae, 93). Le choix de
l’adoption et de se voir confier un enfant exprime une fécondité particulière de
l’expérience conjugale, et non seulement quand celle-ci est marquée par la
stérilité. Ce choix est un signe éloquent de l’amour familial, une occasion de
témoigner de sa foi et de rendre leur dignité filiale à ceux qui en ont été
privés.
59. Il faut aider à vivre l’affectivité, notamment dans le lien conjugal, comme un
chemin de maturation, dans l’accueil toujours plus profond de l’autre et dans un
don toujours plus entier. En ce sens, il faut réaffirmer la nécessité d’offrir
des itinéraires de formation qui nourrissent la vie conjugale, de même que
l’importance d’un laïcat pouvant offrir un accompagnement fait de témoignages
vivants. L’exemple d’un amour fidèle et profond, fait de tendresse et de
respect, capable de grandir dans le temps et qui, par son ouverture concrète à
l’engendrement de la vie, fait l’expérience d’un mystère qui nous transcende,
peut constituer une aide importante.
Le défi de l’éducation et le rôle de la famille dans l’évangélisation
60. Un des défis fondamentaux auquel doivent faire face les familles d’aujourd’hui
est à coup sûr celui de l’éducation, rendue plus exigeante et complexe en raison
de la situation culturelle actuelle et de la grande influence des médias. Les
exigences et les attentes des familles capables d’être, dans la vie quotidienne,
des lieux de croissance et de transmission concrète et essentielle des vertus
qui donnent forment à l’existence, doivent être tenues en grande considération.
Cela signifie que les parents puissent librement choisir le type d’éducation à
donner à leurs enfants selon leurs convictions.
61. L’Église joue un rôle précieux de soutien aux familles, en partant de
l’initiation chrétienne, à travers des communautés accueillantes. Il lui est
demandé, aujourd’hui plus qu’hier, dans les situations complexes comme dans les
situations ordinaires, de soutenir les parents dans leurs efforts éducatifs, en
accompagnant les enfants, les adolescents et les jeunes dans leur croissance,
grâce à des parcours personnalisés, capables d’introduire au sens plénier de la
vie et de susciter des choix et des responsabilités vécus à la lumière de
l’Évangile. Marie, dans sa tendresse, sa miséricorde et sa sensibilité
maternelles peut nourrir la faim d’humanité et de vie, c’est pourquoi elle est
invoquée par les familles et par le peuple chrétien. La pastorale et une
dévotion mariale sont un point de départ opportun pour annoncer l’Évangile de la
famille.
Conclusion
62. Les réflexions proposées, fruit du travail synodal qui s’est déroulé dans une
grande liberté et avec un mode d’écoute réciproque, entendent poser des
questions et indiquer des perspectives qui devront mûrir et être précisées par
la réflexion des Églises locales durant l’année qui nous sépare de l’Assemblée
Générale Ordinaire du Synode des Évêques prévue en octobre 2015 ; elle sera
consacrée à la vocation et à la mission de la famille dans l’Église et dans le
monde contemporain. Il ne s’agit pas de décisions prises, ni de perspectives
faciles. Cependant, le cheminement collégial des évêques et la participation de
l’ensemble du peuple de Dieu sous l’action de l’Esprit Saint, en ayant pour
modèle celui de la Sainte Famille, pourront nous guider pour trouver des voies
de vérité et de miséricorde pour tous. Tel est le souhait que dès le début de
nos travaux, le Pape François nous a exprimé, en nous invitant au courage de la
foi et à l’accueil humble et honnête de la vérité dans la charité.
Questions pour la réception
et
l’approfondissement
de la
Relatio Synodi
Question préalable se référant à toutes les sections de la
Relatio Synodi
La description de la réalité de la famille présente dans la Relatio Synodi correspond-elle à ce que l’on constate dans l’Église et dans
la société d’aujourd’hui ? Quels aspects absents peuvent être intégrés ?
Questions sur la I ère Partie
L’écoute : le contexte et les défis sur la famille
Comme cela est indiqué dans l’introduction (nos 1-4), le
Synode Extraordinaire a voulu s’adresser à toutes les familles du monde,
désireux de participer à leurs joies, à leurs peines et à leurs espoirs ; le
Synode a ensuite spécialement tourné un regard reconnaissant vers les nombreuses
familles chrétiennes fidèles à leur vocation, les encourageant à s’engager de
façon plus déterminée en ce moment de « l’Église en sortie » et à se redécouvrir
comme sujet incontournable de l’évangélisation, surtout en alimentant pour
elles-mêmes et pour les familles en difficulté ce « désir de famille » qui reste
toujours bien vivant et sur lequel se fonde la conviction qu’il est nécessaire
de « repartir de la famille » pour annoncer efficacement le cœur de l’Évangile.
Le nouveau chemin tracé par le Synode Extraordinaire s’insère dans
le contexte ecclésial plus vaste dessiné par l’exhortation Evangelii Gaudium
du Pape François, c’est-à-dire en partant des « périphéries existentielles »,
avec une pastorale caractérisée par la « culture de la rencontre », capable de
reconnaître l’œuvre libre du Seigneur, notamment en dehors de nos schémas
habituels, et d’assumer, sans entrave, une condition « d’hôpital de campagne »,
si utile à l’annonce de la miséricorde de Dieu. Les paragraphes de la première
partie de la Relatio Synodi répondent à ces défis ; ils exposent les
aspects qui forment le cadre de référence le plus concret sur la situation
réelle des familles, au sein duquel la réflexion peut être menée.
Les questions proposées ci-après, qui se réfèrent expressément aux
aspects de la première partie de la Relatio Synodi, entendent faciliter
le nécessaire réalisme dans la réflexion des divers épiscopats, évitant ainsi
que leurs réponses puissent être fournies selon des schémas et perspectives
propres à une pastorale qui ne ferait qu’appliquer la doctrine, sans respecter
les conclusions de l’Assemblée synodale extraordinaire, et qui éloignerait leur
réflexion du chemin désormais tracé.
Le contexte socioculturel (nos 5-8)
1.
Quelles sont les initiatives en cours et celles qui sont prévues concernant les
défis que les contradictions culturelles posent à la famille (cf. nos
6-7) ; celles visant au réveil de la présence de Dieu dans la vie des familles ;
celles qui tendent à l’éducation et à l’établissement de relations
interpersonnelles solides ; celles qui tendent à favoriser des politiques
sociales et économiques utiles à la famille ; celles pour résoudre les
difficultés liées à l’attention envers les enfants, les personnes âgées et les
membres de la famille qui sont malades ; celles pour affronter le contexte
culturel plus spécifique où l’Église locale est impliquée ?
2.
Quels instruments d’analyse emploie-t-on et quels sont les résultats les plus
importants concernant les aspects (positifs ou non) du changement
anthropologique et culturel ? (cf. n° 5) Dans les résultats perçoit-on la
possibilité de trouver des éléments communs dans le pluralisme culturel ?
3.
Au-delà de l’annonce et de la dénonciation, quelles sont les modalités choisies
pour être présents comme Église auprès des familles dans les situations extrêmes
? (cf. n° 8). Quelles stratégies éducatives employer pour les prévenir ? Que
peut-on faire pour soutenir et renforcer les familles croyantes, fidèles au lien
?
4.
Comment l’action pastorale de l’Église réagit-elle à l’expansion du relativisme
culturel dans la société sécularisée et au rejet qui en découle, de la part de
beaucoup, du modèle de famille formé d’un homme et d’une femme unis par le lien
conjugal et ouvert à la procréation ?
L’importance de la vie affective (nos 9-10)
5.
De quelles façons et avec quelles activités les familles chrétiennes sont-elles
engagées à rendre témoignage de la progression de la maturation affective aux
yeux des jeunes générations ? (cf. nos 9-10). Comment pourrait-on
aider la formation des ministres ordonnés sur tous ces thèmes ? Quelles figures
d’agents pastoraux spécifiquement qualifiés apparaissent-elles les plus urgentes
?
Le défi pour la pastorale (n° 11)
6.
Dans quelle proportion et à travers quels moyens la pastorale familiale
ordinaire s’adresse-t-elle à ceux qui sont éloignés ? (cf. n° 11). Quelles sont
les lignes d’action mises en œuvre pour susciter et mettre en valeur le « désir
de famille » semé par le Créateur dans le cœur de toute personne et présente en
particulier chez les jeunes, même chez ceux qui vivent des situations familiales
qui ne correspondent pas à la vision chrétienne ? Quel retour effectif
avons-nous de la mission accomplie auprès d’eux ?Parmi les non baptisés, la
présence des mariages naturels est-elle consistante, par rapport également au
désir, chez les jeunes, de fonder une famille ?
Questions sur la IIème Partie
Le regard sur le Christ: l’Évangile de la famille
L’Évangile de la famille, conservé fidèlement par l’Église dans le
sillage de la Révélation chrétienne écrite et transmise, exige d’être annoncé
dans le monde contemporain avec une joie et une espérance nouvelles, en tournant
constamment notre regard vers Jésus-Christ. La vocation et la mission de la
famille se configurent pleinement dans l’ordre de la création qui évolue dans
l’ordre de la Rédemption, ainsi résumé dans ce souhait du Concile : « Que les
époux eux-mêmes créés à l’image d’un Dieu vivant et établis dans un ordre
authentique de personnes, soient unis dans une même affection, dans une même
pensée et dans une mutuelle sainteté, en sorte que, à la suite du Christ,
principe de vie, ils deviennent, à travers les joies et les sacrifices de leur
vocation, par la fidélité de leur amour, les témoins de ce mystère de charité
que le Seigneur a révélé au monde par sa mort et sa résurrection » (Gaudium
et Spes, 52 ; cf. Catéchisme de l’Église catholique 1533-1535).
À la lumière de ce qui vient d’être dit, les questions qui
jaillissent de la Relatio Synodi ont pour but de susciter des réponses
fidèles et courageuses chez les Pasteurs et au sein du peuple de Dieu pour une
annonce renouvelée de l’Évangile de la famille.
Le regard sur Jésus et la pédagogie divine dans l’histoire du salut (nos
12-14)
Accueillant l’invitation du Pape François, l’Église regarde vers le
Christ, avec sa vérité permanente et inépuisable, qui éclaire aussi chaque
famille. « Le Christ est “la Bonne Nouvelle éternelle” (Ap 14, 6), et il est
“le même hier et aujourd’hui et pour les siècles” (He 13, 8), mais sa richesse et sa beauté sont inépuisables. Il est
toujours jeune et source constante de nouveauté » (Evangelii Gaudium,
11).
7.
Le regard tourné vers le Christ ouvre de nouvelles possibilités. «
En effet, chaque fois que nous revenons à la source de l’expérience
chrétienne,
de nouvelles routes et des possibilités impensables s’ouvrent » (n° 12).
Comment est utilisé l’enseignement de l’Écriture Sainte dans l’action
pastorale envers les familles ? Dans quelle mesure ce regard alimente
une
pastorale familiale courageuse et fidèle ?
8.
Quelles valeurs du mariage et de la famille les jeunes et les conjoints voient
se réaliser dans leur vie ? Et sous quelle forme ? Certaines valeurs
peuvent-elles être mises en lumière ? (cf. n° 13). Quelles sont les dimensions
de péché à éviter et à surmonter ?
9.
En harmonie avec la pédagogie divine, quelle pédagogie humaine faut-il envisager
pour mieux comprendre ce qui est requis de la pastorale de l’Église face à la
maturation de la vie de couple, vers le futur mariage ? (cf. n° 13).
10.
Que faire pour montrer la grandeur et la beauté du don de l’indissolubilité, da
façon à susciter le désir de la vivre et de la construire toujours davantage ?
(cf. n° 14).
11.
De quelle manière pourrait-on aider à comprendre que la relation avec Dieu
permet de vaincre les fragilités qui sont inscrites aussi dans les relations
conjugales ? (cf. n° 14). Comment témoigner que la bénédiction de Dieu
accompagne tout mariage authentique ? Comment manifester que la grâce du
sacrement soutient les époux tout au long du chemin de leur vie ?
La famille dans le dessein salvifique de Dieu (nos 15-16)
La vocation à l’amour entre un homme et une femme selon le dessein
de la création reçoit sa forme la plus achevée de l’événement pascal du Christ
Seigneur, qui se donne sans réserve, faisant de l’Église son corps mystique. Le
mariage chrétien, puisant dans la grâce du Christ, devient ainsi la voie sur
laquelle ceux qui y sont appelés cheminent vers la perfection de l’amour, qu’est
la sainteté.
12.
Comment pourrait-on faire comprendre que le mariage chrétien correspond à la
disposition originelle de Dieu et qu’il constitue donc une expérience de
plénitude, et non pas une limite ? (cf. n° 13).
13.
Comment concevoir la famille comme « Église domestique » (cf. LG 11), sujet et
objet de l’action évangélisatrice au service du Royaume de Dieu ?
14.
Comment promouvoir la conscience de l’engagement missionnaire de la famille ?
La famille dans les documents de l’Église (nos 17-20)
Le magistère ecclésial, dans toute sa richesse, doit être mieux
connu du Peuple de Dieu. La spiritualité conjugale se nourrit de l’enseignement
constant des Pasteurs, qui prennent soin du troupeau, et mûrit grâce à l’écoute
incessante de la Parole de Dieu, des sacrements de la foi et de la charité.
15.
La famille chrétienne vit sous le regard aimant du Seigneur et c’est dans le
rapport avec Lui qu’elle grandit comme véritable communauté de vie et d’amour.
Comment développer la spiritualité de la famille et comment aider les familles à
être un lieu de vie nouvelle dans le Christ ? (cf. n° 21)
16.
Comment développer et promouvoir des initiatives de catéchèse qui fassent
connaître et qui aident à vivre l’enseignement de l’Église sur la famille, en
favorisant le dépassement de la distance éventuelle entre ce qui est vécu et ce
qui est professé, et en proposant des chemins de conversion?
L’indissolubilité du mariage et la joie de vivre ensemble (nos 21-22)
« L’authentique amour conjugal est assumé dans l’amour divin et il
est dirigé et enrichi par la puissance rédemptrice du Christ et l’action
salvifique de l’Église, afin de conduire efficacement à Dieu les époux, de les
aider et de les affermir dans leur mission sublime de père et de mère. C’est
pourquoi les époux chrétiens, pour accomplir dignement les devoirs de leur état,
sont fortifiés et comme consacrés par un sacrement spécial. En accomplissant
leur mission conjugale et familiale avec la force de ce sacrement, pénétrés de
l’Esprit du Christ qui imprègne toute leur vie de foi, d’espérance et de
charité, ils parviennent de plus en plus à leur perfection personnelle et à leur
sanctification mutuelle ; c’est ainsi qu’ensemble ils contribuent à la
glorification de Dieu » (Gaudium et Spes, 48).
17.
Quelles sont les initiatives qui pourraient aider à comprendre la valeur du
mariage indissoluble et fécond comme voie de pleine réalisation personnelle?
(cf. n° 21).
18.
Comment proposer la famille comme lieu unique, sous de nombreux aspects, pour
réaliser la joie des êtres humains ?
19.
Le Concile Vatican II a exprimé son appréciation pour le mariage naturel,
renouvelant ainsi une antique tradition ecclésiale. Dans quelle mesure les
pastorales diocésaines savent aussi mettre en valeur cette sagesse des peuples,
fondamentale pour la culture et la société communes ? (cf. n° 22).
Vérité et beauté de la famille et miséricorde envers les familles blessées et
fragiles (nos 23-28)
Après avoir considéré la beauté des mariages réussis et des familles
solides et après avoir apprécié le témoignage généreux de ceux qui sont demeurés
fidèles au lien bien qu’ayant été abandonnés par leur conjoint, les pasteurs
réunis en Synode se sont demandé - d’une manière ouverte et courageuse, non sans
préoccupation ni prudence - quel regard doit porter l’Église sur les catholiques
qui ne sont unis que par un lien civil, sur ceux qui sont encore en concubinage
et sur ceux qui, après un mariage valide, ont divorcé et se sont remariés
civilement.
Conscients des limites évidentes et des imperfections présentes dans ces
situations si diverses, les Pères ont suivi positivement la perspective indiquée
par le Pape François, selon laquelle « sans diminuer la valeur de l’idéal
évangélique, il faut accompagner avec miséricorde et patience les étapes
possibles de croissance des personnes qui se construisent jour après jour » (Evangelii
Gaudium, 44).
20.
Comment aider à comprendre que personne n’est exclu de la miséricorde de Dieu et
comment exprimer cette vérité dans l’action pastorale de l’Église envers les
familles, en particulier celles qui sont blessées et fragiles ? (cf. n° 28)
21.
Comment les fidèles peuvent-ils montrer à l’égard des personnes qui ne sont pas
encore parvenues à la pleine compréhension du don d’amour du Christ, une
attitude d’accueil et d’accompagnement confiant, sans jamais renoncer à
l’annonce des exigences de l’Évangile ? (cf. n° 24)
22.
Qu’est-il possible de faire pour que dans les diverses formes d’union – où l’on
peut trouver des valeurs humaines – l’homme et la femme ressentent le respect,
la confiance et l’encouragement à grandir dans le bien de la part de l’Église et
soient aidées à atteindre la plénitude du mariage chrétien ? (cf. n° 25)
Questions sur la IIIème Partie
La discussion : perspectives pastorales
En approfondissant la troisième partie de la Relatio Synodi,
il est important de se laisser guider par le virage pastoral que le Synode
Extraordinaire a entrepris, en s’enracinant dans le Concile Vatican II et dans
le magistère du Pape François. Il revient aux Conférences épiscopales de
continuer à l’approfondir, en y impliquant, de la manière la plus opportune,
toutes les composantes ecclésiales, en la concrétisant dans leur contexte
spécifique. Il est nécessaire de tout faire pour ne pas repartir à zéro, mais
d’adopter pour point de départ le chemin déjà accompli par le Synode
Extraordinaire.
Annoncer l’Évangile de la famille aujourd’hui, dans les différents contextes (nos
29-38)
À la lumière du besoin de famille et, en même temps, des défis multiples et
complexes présents dans notre monde, le Synode a souligné l’importance d’une
annonce forte et renouvelée, franche et significative, de l’Évangile de la
famille.
23.
Dans la formation des prêtres et des autres agents pastoraux, comment la
dimension familiale est-elle cultivée ? Les familles sont-elles directement
impliquées dans cette formation ?
24.
Est-on conscient que l’évolution rapide de notre société exige une attention
constante au langage dans la communication pastorale ? Comment témoigner
efficacement de la priorité de la grâce, de sorte que la vie familiale soit
projetée et vécue comme accueil de l’Esprit Saint ?
25.
Dans l’annonce de l’Évangile de la famille, comment peut-on créer les conditions
permettant à chaque famille d’être telle que Dieu la veut et d’être socialement
reconnue dans sa dignité et dans sa mission? Quelle « conversion pastorale » et
quels approfondissements ultérieurs doivent être mis en œuvre dans cette
direction ?
26.
La collaboration, au service de la famille, avec les institutions sociales et
politiques est-elle considérée dans toute son importance ? Comment est-elle
concrètement mise en œuvre ? De quels critères s’inspire-t-on pour cela? Quel
rôle peuvent jouer en ce sens les associations familiales? Comment cette
collaboration peut-elle être également soutenue par une franche dénonciation des
processus culturels, économiques et politiques qui minent la réalité familiale ?
27.
Comment favoriser une relation entre famille, société et politique au profit de
la famille ? Comment encourager le soutien de la famille par la communauté
internationale et les États?
Guider les futurs époux sur le chemin de la préparation au mariage (nos
39-40)
Le Synode a reconnu les progrès accomplis ces dernières années pour
favoriser une préparation adéquate des jeunes au mariage. Cependant, il a aussi
souligné la nécessité d’un plus grand engagement de toute la communauté
chrétienne, non seulement dans la préparation, mais aussi dans les premières
années de la vie familiale.
28.
Comment les itinéraires de préparation au mariage sont-ils proposés de façon à
mettre en évidence la vocation et la mission de la famille selon la foi au
Christ ? Sont-ils effectués comme proposition d’une expérience ecclésiale
authentique ? Comment les rénover et les améliorer ?
29.
Comment la catéchèse d’initiation chrétienne présente-t-elle l’ouverture à la
vocation et à la mission de la famille ? Quelles avancées en ce domaine sont
considérées comme plus urgentes ? Comment proposer le rapport entre le baptême,
l’eucharistie et le mariage ? De quelle façon peut-on mettre en évidence le
caractère de catéchuménat et de mystagogie que revêtent souvent les itinéraires
de préparation au mariage ? Comment faire participer la communauté à cette
préparation ?
Accompagner les premières années de la vie conjugale (n° 40)
30.
Tant dans la préparation que dans l’accompagnement des premières années de vie
conjugale, l’importante contribution du témoignage et du soutien que peuvent
apporter les familles, les associations et les mouvements familiaux est-elle
assez mise en relief ? Quelles expériences positives peut-on mentionner en ce
domaine ?
31.
La pastorale de l’accompagnement des couples durant les premières années de vie
familiale – a-t-on fait observer pendant le débat synodal – a besoin d’un
nouveau développement. Quelles initiatives plus significatives ont-elles déjà
été réalisées ? Quels aspects faut-il renforcer au niveau paroissial, au niveau
diocésain ou dans le cadre des associations et des mouvements ?
La pastorale des personnes qui vivent en union civile ou en concubinage (nos
41-43)
Le débat synodal a fait ressortir la diversité des situations, due à
de multiples facteurs culturels et économiques, à des pratiques enracinées dans
la tradition et aux difficultés pour les jeunes de s’engager dans des choix pour
toute la vie.
32.
Quels critères faut-il considérer en vue d’un discernement pastoral correct des
diverses situations, à la lumière des enseignements de l’Église, pour qui les
éléments constitutifs du mariage sont l’unité, l’indissolubilité et l’ouverture
à la procréation ?
33.
La communauté chrétienne est-elle en mesure d’être pastoralement impliquée dans
ces situations ? Comment aide-t-elle à discerner les éléments positifs de ceux
négatifs de la vie de personnes unies par des mariages civils, de façon à les
orienter et à les soutenir au long du chemin de croissance et de conversion vers
le sacrement du mariage ? Comment aider ceux qui vivent en concubinage à opter
pour le mariage ?
34.
En particulier, quelles réponses donner aux problématiques soulevées par
l’enracinement des formes traditionnelles de mariages par étapes ou arrangé par
les familles ?
Prendre soin des familles blessées (séparés, divorcés non remariés, divorcés
remariés, familles monoparentales) (nos 44-54)
Le débat synodal a mis en évidence la nécessité d’une pastorale soutenue par l’art
de l’accompagnement, en donnant « à notre chemin le rythme salutaire de la
proximité, avec un regard respectueux et plein de compassion mais qui en même
temps guérit, libère et encourage à mûrir dans la vie chrétienne » (Evangelii
Gaudium, 169).
35.
La communauté chrétienne est-elle prête à prendre soin des familles blessées
pour leur faire vivre l’expérience de la miséricorde du Père ? Comment s’engager
pour éliminer les facteurs sociaux et économiques qui souvent les déterminent ?
Qu’a-t-il été fait et que faut-il encore faire pour accroître cette action et la
conscience missionnaire qui la soutient ?
36.
Comment encourager la définition de lignes pastorales communes au niveau de
l’Église particulière? Comment développer à cet égard le dialogue entre les
diverses Églises particulières «cum Petro e sub Petro»?
37.
Comment rendre plus accessibles et souples, si possible gratuites, les
procédures de reconnaissance des cas de nullité ? (n° 48).
38.
La pastorale sacramentelle à l’égard des divorcés remariés a besoin d’un
approfondissement ultérieur, en évaluant la pratique orthodoxe et en tenant
compte de « la distinction entre situation objective de péché et circonstances
atténuantes » (n° 52). Quelles sont les perspectives au sein desquelles se
situer ? Quelles avancées sont possibles ? Quelles suggestions pour remédier à
des formes d’empêchement non dues ou non nécessaires ?
39.
Les normes en vigueur actuellement permettent-elles d’apporter des réponses
valables aux défis posés par les mariages mixtes et par les mariages
interconfessionnels ? Faut-il tenir compte d’autres éléments ?
L’attention pastorale envers les personnes ayant une tendance homosexuelle (nos
55-56)
L’attention pastorale envers les personnes ayant une tendance
homosexuelle pose aujourd’hui de nouveaux défis, dus notamment à la manière avec
laquelle leurs droits sont proposés au niveau social.
40.
Comment la communauté chrétienne accorde-t-elle son attention pastorale aux
familles dont certaines personnes en leur sein ont une tendance homosexuelle ?
En évitant toute discrimination injuste, de quelle façon est-il possible de
s’occuper des personnes dans ces situations à la lumière de l’Évangile ? Comment
leur proposer les exigences de la volonté de Dieu sur leur situation ?
La transmission de la vie et le défi de la dénatalité (nos 57-59)
La transmission de la vie est l’élément fondamental de la
vocation-mission de la famille : « Dans le devoir qui leur incombe de
transmettre la vie et d’être des éducateurs (ce qu’il faut considérer comme leur
mission propre), les époux savent qu’ils sont les coopérateurs de l’amour du
Dieu Créateur et comme ses interprètes » (Gaudium et Spes, 50).
41.
Quelles sont les initiatives les plus significatives qui ont été prises pour
annoncer et promouvoir efficacement l’ouverture à la vie, ainsi que la beauté et
la dignité humaines de devenir mère ou père, à la lumière par exemple de
l’Encyclique Humanae Vitae du Bienheureux Paul VI ? Comment promouvoir le dialogue avec
les sciences et les technologies biomédicales de façon à ce que soit respectée
l’écologie humaine de l’engendrement ?
42.
Une maternité/paternité généreuse a besoin de structures et d’instruments. La
communauté chrétienne vit-elle une solidarité et une subsidiarité effective ?
Comment ? Propose-t-elle aussi courageusement des solutions valides au niveau
sociopolitique ? Comment encourager l’adoption et la garde des enfants comme
signe très élevé d’une générosité féconde ? Comment faire en sorte que les
enfants soient élevés avec attention et respect ?
43.
Le chrétien vit la maternité/paternité comme réponse à une vocation. Dans la
catéchèse, cette vocation est-elle suffisamment soulignée ? Quels parcours de
formation sont proposés pour qu’elle guide effectivement les consciences des
époux ? A-t-on conscience des graves conséquences des changements démographiques
?
44.
Comment l’Église combat-elle la plaie de l’avortement en favorisant une culture
de la vie qui soit efficace ?
Le défi de l’éducation et le rôle de la famille dans l’évangélisation (nos
60-61)
45.
Accomplir leur mission éducatrice n’est pas toujours aisé pour les parents :
trouvent-ils solidarité et soutien dans la communauté chrétienne ? Quels
parcours de formation peut-on suggérer ? Qu’est-ce qui peut-être fait pour que
la tâche éducative des parents soit reconnue aussi au niveau sociopolitique ?
46.
Comment stimuler chez les parents et dans la famille chrétienne la conscience du
devoir de transmission de la foi comme dimension intrinsèque à l’identité
chrétienne ?
© Copyright 2014 - Secrétairerie Générale du Synode des Évêques
Ce texte peut être reproduit par les Conférences épiscopales, ou avec leur
autorisation, à condition que son contenu ne soit pas modifié et que deux
exemplaires de la publication soient envoyés à la Secrétairerie Générale du
Synode des Évêques, 00120 Cité du Vatican.
|